Traversée de l'océan Arctique

         Le jour du départ, le vent a soufflé, chargé de nuages ; pour s’extraire de la multitude d’îles qui enferment Tromsø, une longue journée de navigation sous la pluie nous conduit à la seule escale à quai du périple.

 

         Le lendemain, au milieu des pêcheurs de morues, par temps clair et mer d’huile, nous approchons lentement des eaux froides de l’Océan Arctique. Quelques cabillauds plus tard ; il est venu un vent de forte haleine ; il galopait comme un mustang, éclaboussant tout, de ses ruades juvéniles ; alors, la houle s’est formée et les trois jours de traversée qui suivront, pour atteindre l’île aux Ours, seront marqués par mon épouvantable mal de mer.

 

         La nausée ne me lâchera qu’après un roboratif plat de pâtes, et, une bonne nuit sde ommeil sur un mouillage bien abrité.

 

         Encore deux jours de traversée plus tard, et nous voici enfin, face au pack tant attendu.

 

         Sous sa capeline de glace, l’eau s’arrondit ; elle est à la peine, plie l’échine, courbe ses crêtes ; les plus costaudes, bossuent sa coiffe de mamelons fatigués, comme une levée de cloques, à la surface d’un velouté de lait caillé.

 

         La poupe lustre, sur notre passage, une marque noire. Elle estampille éphémèrement notre empreinte sur la banquise qui, comme une cravate trop courte, se perd, sur une chemise tendue par une bedaine gavée.

 

         Passé le drapé onduleux, l’étrave fend de nouveau le clapot.