Comme l'océan est tout plat, nous nous baignons par 6000 mètres de fond...

Aujourd’hui, l’océan est tout plat. à telle enseigne que nous mettons à la cape pour nous baigner. L’eau est délicieusement chaude et d’une transparence qui pourrait laisser supposer que l’on va voir le fond. Cependant, sous nos pieds, il y a environ six mille mètres d’eau ce qui conduit à quelques plaisanteries et toujours à Poulon de conclure : « En mer, la terre la plus proche, c’est le fond et il appartient à tout bon marin d’en préserver son aspect inconnu ». 

   C’est la première fois que, tout autour de moi, il n’y a que de l’eau. Alors qu’avant je supposais que cela m’aurait aidé à mieux percevoir les dimensions de la Planète, l’expérience avère qu’il n’en est rien. Quarante mille kilomètres n’est qu’un nombre qui, par l’appréciation purement intellectuelle de sa grandeur, fait que la Terre a été, sera et restera, par ce périmètre imposant, la pourvoyeuse favorite des mythes des petits Hommes.

 

La journée, au centre du cercle de l’horizon, seules les nuées noires des cumulus qui parfois se vident violemment et dont les gouttes sur le pont brûlant disparaissent sans laisser de trace, s’offrent à la vue et à l’esprit. Celui-ci, comme ces nuages aux formes changeantes, dérape sur cette ligne qui donne l’illusion de diviser le ciel de la terre en ce lieu où semble se mélanger l’air et l’eau.