un "Paille-en-queue" à plus de 12000 km de la terre, ça force l'admiration...

Ce matin, à quatre heures, après avoir regardé le soleil se lever, je me suis recouché jusqu’à midi. A mon réveil, arrivant dans le roof, comme la pendule indiquait treize heures, cela attestait que nous venions de franchir le premier fuseau horaire du voyage. Aujourd’hui donc, un sixième du parcours est derrière nous. Quelques précisions s’imposent. Du point de départ jusqu’à l’instant précis ou j’écris, nous avons couvert 654 milles nautiques, ce qui laisse notre première escale, l’île la plus au nord-ouest de l’Archipel des Açores, à 1 475 milles.

- Un paille-en-queue sur tribord !

C’est Agate, la cuisinière, qui s’égosille.

Je bondis, je cours, les autres sont déjà là, désignant du doigt l’oiseau tout blanc et allongé comme une rayure dans le ciel. Avec ses grandes ailes fines, il plane en traînant en bout de queue une plume de la finesse d’une paille qui ondoie longuement dans son sillage. Le volatile tourne une fois, deux fois, trois fois, autour du bateau puis disparait derrière une vague.

Ce qui est important, disais-je avant d’être interrompu, c’est de pouvoir se positionner tout en ayant le sentiment d’être perdu dans l’immensité de l’océan. D’un côté, cela rassure de pouvoir, deux fois par jour, dessiner un point sur la carte et, le reste du temps, cela laisse libre cours au développement de cette capacité à l’émerveillement. Celui que vient de susciter le passage du paille-en-queue, outre qu’il est le premier évènement notable depuis le départ, force l’admiration car un oiseau, à plus de mille deux cents kilomètres de la terre, cela est singulièrement remarquable.