Les jours s'écoulent paisiblement...

Paisiblement,

les jours s’égrainent

identiquement :

- se lever, bavarder,

puis admirer ;

- déjeuner, lire,

 puis contempler ;

- dîner, écrire,

 puis s’émerveiller ;

- s’allonger, s’extasier,

s’endormir, rêver.

Maintenant je rajoute :

rassembler, assimiler,

méditer et ébaucher,

une réponse à ma question.

Curieusement, un évènement journalier arrive au moment le plus inattendu. Une perche égarée d’un palangrier mobilisera toutes les énergies. Des hordes de dauphins capteront toutes les attentions.

Et un jour : une baleine. Non, c’est un cachalot, une orque ou peut-être un épaulard. Trop loin pour le savoir. Les plus courageux sont dans le nid-de-pie, à vingt-cinq mètres, ou sur l’enfléchure, les autres au bastingage, mais

tous écarquillent les yeux.

Une dorade coryphène ou un tazard au bout de la ligne de Franck conduisent à de rapides manœuvres de ralentissement. S’assurer de remonter les trois cents mètres de cordeau sans que l’amélioration de l’ordinaire ne se décroche occupe tout l’équipage. Le poisson est maintenant là. Il s’est bien battu, c’est sûr, mais la satisfaction est grande lorsque son long corps épuisé traîne derrière le leurre.

 Il est maintenant la cible du harponneur, débordant son bras meurtrier du navire. Il tire. Le sang jailli. L’équipage hurle d’une seule voix. La bête est sur le pont. Le cuisinier plante son couteau, l’animal est mort. Quelques minutes plus tard, le voilà en darnes. Ce soir, ses dix kilos de chair nous régaleront. Pour l’instant, nous le dégustons cru, à même les lames de nos couteaux.

 

 

 

Il y eut aussi le bal des bonites, les flottilles de vaisseaux portugais, la chorégraphie des globicéphales initiant leur petit à l’art de la nage dans la vague d’étrave, mais aussi les baleines qui, soufflant en surface, lèvent la queue pour sonder et disparaître.