cabotage aux Açores

Corvo :          Nous voici maintenant à Corvo, la plus petite île des Açores. Tellement petite qu’il n’y a même pas de port. Un minuscule môle protège la mise à l’eau journalière des dix bateaux d'une pêche très artisanale. Du sommet du volcan qui culmine à six cent cinquante mètres, le point de vue sur le cratère atteste du caractère campagnard des quatre cent vingt habitants qui élèvent cinq mille vaches et font un fameux fromage, seule ressource de l’île. En fin de journée, lorsque nous appareillons, beaucoup sont  là. Trois coups de corne, toutes les mains se lèvent, s’agitent puis s’effacent au lointain. 

 

Faial :           Vingt-quatre heures de navigation plus tard, après une halte dans un ancien cratère d’où quelques-uns débarquent pour finir à pied pendant que d’autres visitent en zodiac de remarquables grottes, nous arrivons sur l’île de Faial. Jusqu’en 1980, cette île tirait sa ressource de son usine de transformation des cachalots qui étaient chassés au harpon, lancé à la main depuis une yole baleinière

à voiles tirée sur le site par un remorqueur rapide. Aujourd’hui, ces embarcations participent au folklore des fêtes votives. Nous y resterons deux jours, un sous la pluie, un dans un vent à décorner les bœufs. Sur les quais d’Horta, la mythique ville chère aux navigateurs "Transatlantistes", les appontements sont recouverts des milliers de dessins des marins heureux d’être arrivés là.

Nous-mêmes nous sacrifions à la tradition tout en échangeant avec nos voisins les récits de nos aventures de marins. Dés le soleil couché, cet unique sujet de conversation est nourri à la bière qui coule à flot et délie les langues des plus discrets, chez Peter, au Café Sport.

Dans ce bar typique, les guidons des navires griffonnés de messages, tels des ex-voto en remerciement aux vœux exaucés, s’entassent sur les murs et le plafond de ce lieu étonnant, qui semble être le sanctuaire de l’Atlantique.

Graciosa :      D’un bout à l’autre, les quarante-deux milles de la traversée entre Faial et Graciosa sont couverts dans un brouillard qui ne permet pas même de distinguer l’avant du bateau. Puis, un coup d’air et tout se dévoile. De petites maisons identiques aux couleurs criardes semblent inhabitées et, ici, le temps s’écoule lentement, les yeux posés sur l’île d’en face, perdue dans les nuages. 

 

Terceira :       Nous passons sur l’île de Terceira quatre longs jours au milieu des fêtes taurines de la Saint Jean dont je ne retiens que le vacarme jusqu’à des heures avancées de la nuit.

 

 

Pico :            J’affirme que ce séjour aux Açores commence à devenir pesant.  

 

São Jorge :          Je dessine sous le regard expert de Manu, l'aquarelliste du bord.

(Certains de ses dessins, réalisés durant la traversée, illustrent les vidéos.)

 

São Miguel :   Il ne me tarde que de partir.

Poulon entretient la tension qui monte depuis hier.

- « Nous partons après le repas ! »

Oui. Mais lequel ?

Telle est la question sans réponse.

- « Il faut affiner la route, la météo est instable ! »

Finalement, il fait appel aux services du Routeur avec qui il travaille pour ses plates-formes de forage. Le gars transformera l’orthodromie des 1 137 milles qui nous séparent de Brest en une route à deux way points de 1 290 milles qui devrait offrir un vent régulier de travers avec une bonne houle arrière.

à vingt-et-une heures, nous quittons enfin les Açores.