Le grand départ est maintenant acquis...

Maintenant, la nuit est tombée. Il n’y a pas de lune et l’horizon a disparu. Le noir profond se referme sur le bateau dont le grincement du guindeau égrainant la lourde chaine s’achève par un coup sec : c’est l’ancre qui est à poste.

Désormais, plus rien ne relie l’embarcation à la terre. J’ai la gorge qui se noue. C’est la légitime émotion d’une longue attente. Voilà, le départ est acquis.

La grande traversée de l’Atlantique débute à peine que je ne puis m’empêcher de me laisser aller au simple bonheur d’être là. Il faut que j’occupe mes pensées à cette question qui me taraude depuis des mois. Outre Ma Chérie, que j’exclus de cette interrogation, des huitres aussi, car c’est trop évident, de quel manque vais-je souffrir ? Telle est l’énigme du thème de ma quête.

 

Évidemment, le lendemain soir, l’intégrité du mystère de la carence n’est pas affectée par mes longues heures de réflexion pour tenter d’aborder le sujet. Cependant, elles auront eu le mérite de m’épuiser et c’est sans coup férir, une crêpe au chocolat à la main, que j’offre aux poissons l’intégralité de mes repas non digérés depuis Saint Martin. Me voici dès lors amariné, heureux de pouvoir mastiquer et engloutir, avec un esprit libre dans un corps vide qui m’invite au sommeil.